Les Insurgés de 1851
Le Coup d’ État du 2 décembre
Les insurgés de 1851 sont des républicains en lutte contre une autorité usurpatrice.
-Les origines du conflit :
- Mai 1848 : la Seconde République est officiellement proclamée, prévoyant une Assemblée Législative et un Président élus au suffrage universel pour quatre ans.
- Décembre 1848 : Louis-Napoléon devient Président de la République.
- Mai 1849 : la nouvelle Assemblée, conservatrice, est mise en place. Avec le Président elle entame la réaction contre les républicains – qui gagnaient dans l’opinion des campagnes- par le vote de lois limitant les libertés.
- 1851 : un conflit éclate entre le Prince-Président, désireux de garder le pouvoir, et l’ Assemblée qui songe à restaurer une monarchie.
-Le coup d’Etat.
La date est fixée le 2 décembre 1851 (jour anniversaire du couronnement de son oncle et de la bataille d’Austerlitz).
- A Paris les chefs politiques et militaires dangereux sont arrêtés. Des décrets sont affichés annonçant la dissolution de l’Assemblée, le rétablissement du suffrage universel et la convocation du peuple pour se prononcer -par plébiscite- sur la nouvelle constitution prolongeant les pouvoirs du Président (qui était jusqu’alors non rééligible).
Face à ce coup de force la résistance de la droite fut faible, celle de la gauche sporadique (les rassemblements à l’appel de quelques grands noms comme Victor Hugo, Baudin, Schœlcher, furent dispersés par la troupe).
- En province : c’est dans le « Midi Rouge » et rural qu’elle s’organisa à l’appel des sociétés secrètes républicaines.
-Un exemple d’insurrection en province : la « Jacquerie bas-alpine ».
L’annonce du coup d’Etat parvient à Digne dans la soirée du 3 décembre. Le préfet Dunoyer publie les décrets présidentiels mais le calme règne et le 4 décembre le département prend connaissance des évènements parisiens.
Dans la nuit du 4 au 5 décembre le signal de l’insurrection est lancé depuis Mane, préparé par le docteur Rouit (ancien Maire révoqué par la dite commune), Ailhaud du village de Volx (ancien garde général des Eaux et Forêts, révoqué) et Escoffier horloger à Forcalquier.
Le 5 décembre au matin de Manosque (dont la municipalité est acquise aux idées républicaines) part sous la direction de Joseph Buisson (ancien Maire) une colonne d’insurgés vers Forcalquier. La sous-préfecture est prise et dans la journée du 6 décembre le mouvement gagne Digne et Sisteron. Le dimanche 7, les insurgés prennent le contrôle de la préfecture. Le département est désormais dirigé par un Comité départemental de Résistance.
Le 8 décembre l’armée, ralliée au pouvoir bonapartiste, marche sur Digne depuis Marseille.
Le 9 au matin sous la conduite de Ailhaud, les insurgés s’opposent aux soldats : c’est la « bataille des Mées ». Les républicains sont victorieux. Cependant l’annonce de la réussite du coup de force bonapartiste, montre aux insurgés que la France entière ne les a pas suivis et pousse les dirigeants du mouvement à demander à leurs hommes de cesser le combat. L’armée réoccupe le département qui est déclaré en état de siège. Seul Ailhaud continue la lutte, dans la montagne de Lure, ce qui le conduira au bagne de Cayenne où il mourra.
-Une répression sanglante.
Exécutions, arrestations, déportations ou « transportations » (Cayenne, Algérie) s’en suivent : plus de 27 000 pour la France. Cette répression pousse les électeurs du département à voter « Oui » au plébiscite du 21-22 décembre 1851 (98% de votants) et Louis-Napoléon peut ainsi créer en janvier 1852 le Second Empire.
Sous la IIIème République une loi, en 1881, permet aux Français victimes du coup d’Etat d’être réhabilités en leur allouant une pension ou rente viagère.
Un monument commémoratif aux Insurgés de 1851, élevé sur la fontaine du village des Mées, est inauguré le 4 septembre 1913.
Il aurait dû être à Manosque, ville qui a été la plus active et qui a subi la plus forte répression avec plus de 200 condamnés.
La Place des Insurgés de 1851 à Manosque devant le lycée des Iscles.