Félix ESCLANGON
Félix Esclangon à droite.
Devant la maison familiale sur La Plaine à Manosque, aujourd'hui Promenade Aubert Millot où une plaque mémorielle a été posée le 4 juillet 2015 .
Né le 10 janvier 1905 à Manosque. Élève du collège de Manosque. Bachelier à 15 ans, entre à l’école normale supérieure à 17, agrégé de sciences physiques à 21 ans.
Docteur des sciences physiques en 1934 suivant sa préparation de 1927 à 1933, au laboratoire de Physique de l’Ecole Normale Supérieure de Paris, il fit une thèse sur la décharge de gaz raréfié par haute fréquence dans des tubes sans électrodes et mit ainsi au point une technique qui devait rendre service à d’innombrables spectroscopistes et établissant les propriétés de ce qu’on devait appeler les plasmas.
Chef de Travaux de Physique à la faculté des Sciences de Lille de 1933 à 1936 puis Maître de Conférence jusqu’en 1938 où il devient Maître des Conférences de Physique Métallurgique à la faculté des Sciences de Grenoble.
C’est à Grenoble qu’il a donné le plus de preuves de sa puissance d’invention, de réalisation, d’organisation.
En 1939 il publia dans le Journal de Physique une étude sur la possibilité d’observer des franges d’interférences formées par la superposition des radiations de deux sources lumineuses indépendantes et a poussé les calculs jusqu’à l’application numérique et vingt ans plus tard les lasers concrétiseront cette observation.
Il participa efficacement aux travaux du professeur Kastler qui lui valurent le prix Nobel de physique.
En juin 1940 des Français qui veulent continuer la lutte vont à Alger ; parmi eux le Centre d’Etudes de la Marine et les grands scientifiques qu’il avait mobilisés. Il continua ses recherches, participa à l’équipement en barrages et en centrales hydroélectriques de l’Afrique du Nord. Il résout le traitement thermique par induction, des fils d’acier qui devaient armer les conduites forcées du barrage des Beni-Bahdel.
Pendant la guerre il a tenu tête au Commandement de la Place et à la Gestapo allemandes dans plusieurs occasions dont, l'explosion de la Caserne de Bonne et lors l'attentat de l'Institut Fourrier voisin il avait évité toute perquisition à l'Institut polytechnique, alors que les fils qui avaient déclenché l'explosion partaient de celui-ci.
Il a réussi à protéger des étudiants plus ou moins en règle sous l’occupation ou et menacés par le STO, les mettait en confiance et les abritait souvent dans des usines ou les envoyait comme stagiaires dans les barrages du Dauphiné. Ils y devenaient rapidement des saboteurs actifs.
Il accueillait pendant la guerre à l’Institut polytechnique des combattants refoulés. Il donna asile à des israélites et à des étrangers exilés. Il a protégé des universitaires d'origine juive dont Paul Lévy, grand mathématicien et sa famille.
Dans le "Centre universitaire du retour" créé pour accueillir et équiper au printemps 1945 les premiers prisonniers et déportés politiques, il eut à sa disposition une vaste salle en sous-sol pour entreposer des tonnes de vêtements d'un parrainage américain.
Directeur de l’Institut Polytechnique à la libération il contribua à le reconstruire, et continua à créer. Ce fut une période d’activité extrême, de tâches de toutes sortes, outre la mise en place d'un foyer pour étudiants, embryon de cité universitaire dans le fort du Rabot.
Il faisait des missions en France, au Maghreb, en Europe, dans le voisinage : Grande Bretagne, Suisse, Italie, Allemagne, en Suède ; la période des grands projets : en Amérique du Sud, Uruguay, Chili, Brésil, en Egypte, barrage d’Assouan et bien d’autres.
De directeur de l’Institut Polytechnique il devient professeur de Physique industrielle et électronique à la faculté des Sciences de Grenoble et directeur de l’Ecole Française de Papèterie.
Connaissant l’importance de l’irrigation et les caprices de la Durance et son potentiel énergétique électrique, il avait dès 1945 proposé l’aménagement du bassin de la Durance à EDF.
De nombreux Parisiens, notamment des géophysiciens ont eu recours à lui. C’est une des raisons pour lesquelles la chaire d’Energie Appliquée lui fut destinée.
De directeur du Laboratoire Central des Industries Électriques et professeur à la Faculté des Sciences de l’université de Paris en 1954, il devient titulaire le 1er mars 1956 de la chaire d’ Énergétique Appliquée créée spécialement à son intention. Il étudia le problème des isolants et de la protection des câbles à hautes tensions. Il mit au point une méthode de mesure des rayons X.
Il accepte de terminer ses cours au P.C.B et lors d’une expérience présentée à ses élèves, victime de la vétusté du matériel et de l’exiguïté des locaux, il trouve la mort le samedi 5 mai 1956.
Il ne prenait pas toujours le temps de publier ses recherches. Les problèmes résolus cessaient de l’intéresser ; aussitôt d’autres problèmes se présentaient et il s’attachait à les résoudre.
Il aura une influence puissante sur des générations d’élèves en montrant comment naissent et après de profondes réflexions, les multiples applications qui satisfont à la fois l’intérêt scientifique et le désir d’aider autrui.
Il œuvra pour la création en 1951 le premier centre de Promotion de Travail qui deviendra la Promotion Supérieure du Travail et 20 ans plus tard le Centre Universitaire de Formation Continue. Ce qui permit à de nombreux ouvriers et agents techniques d’accéder à une qualification professionnelle.
Il s’impliqua beaucoup pour le bien public, en particulier pour les étudiants tuberculeux. Il œuvra pour la Fondation du Sanatorium des Etudiants.
Sa pédagogie est résumée dans une de ses phrases :
« L’intelligence, les connaissances scientifiques, la culture ne sont pas tout dans la formation d’un ingénieur. Il aura affaire à la matière, certes, mais il sera en contact avec des hommes, et ses qualités de caractère seront déterminantes pour sa réussite.
Par ses qualités de caractère, entendez justice, loyauté, générosité, gentillesse. »
Il était exceptionnellement doué mais aussi très enjoué. Ses élèves ont dit de lui : « nous garderons le souvenir de ses cours, où le sourire et le petit côté détendant prenait régulièrement le relais de la science la plus riche. »
Depuis sa construction en 1961, le premier lycée de Manosque,(collège au temps de ses études),porte son nom,
" Lycée Félix Esclangon",
Construit à la place de l'ancien séminaire vendu en 1793 en application de la Loi sur les Biens Nationaux, devenu ensuite collège communal et plus tard lycée après une restructuration.
Référence
- Témoignage de sa fille Madame Danielle Pansu lors d'une conférence-causerie sur Félix Esclangon
en Mairie de Manosque en 1994
et
- Félix Esclangon 1905-1956
In memoriam
Textes recueillis, présentés et édités par l’Association des Amis del'Université de Grenoble.
Imprimerie Dardelet Grenoble 4 photographies.
Actualités 2016:
L'Etablissement Public d'Aménagement Universitaire de la Région Ile de France a pris la décision en 1998 de réaliser à Jussieu sur la zone Esclangon du campus, un bâtiment Esclangon dont nous avons une photo de la façade indiqué par son petit fils, Pierre Pansu :